Benjamin Constant (1767-1830)
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Adolphe
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Presque toujours, pour vivre en repos avec nous mêmes, nous travertissons en calculs et en
systèmes nos impuissances ou nos faiblesses: cela satisfait cette portion de nous qui est,
pour ainsi dire spectatrice de l'autre.
(page.34)
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L'amour n'est qu'un point lumineux, et néamoins il semble s'emparer du temps. Il y a peu de
jours qu'il n'existait pas, bientôt il n'existera plus; mais tant qu'il existe, il répand
sa clarté sur l'époqie qui l'a précédé, comme sur celle qui doit suivre.
(p.44)
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Malheur à l'homme qui, dans les premiers moments d'une liaison d'amour, ne croit pas que
cette liaison doit être éternelle.
(p.47)
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Nous avions prononcé tous deux des mots irréparables; nous pouvions nous, mais non les
oublier. Il y a des chose qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont
dites, on ne cesse jamais de les répéter.
(p.53)
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J'attribuai mes indécisions à un sentiment de délicatesse qui me défendait de consentir à ce
qui boulverserait sa situation.
(p.56)
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...nous parlions d'amour de peur de nous parler d'autre chose.
(p.59)
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C'est un affreux malheur de n'être pas aimé quand on aime; mais c'en est un bien plus grand
d'être aimé avec passion quand on n'aime plus.
(p.61)
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Qui que vous soyez, ne remettez jamais à un autre les intérêts de votre coeur; le coeur
seul peut plaider sa cause: il sonde seul ses blessures; tout intermédiaire devient un juge;
il analyse, il transige, il conçoit l'indifférence; il l'admet comme possible, il la
reconnaît pour inévitable, par là même il l'excuse, et l'indifférence se trouve ainsi,
à sa grande surprise, légitimée à ses propres yeux.
(p.86)
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..l'homme se déprave dès qu'il a dans le coeur une seule pensée qu'il est constamment forcé
de dissimuler.
(p.95)
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Ma surprise n'est pas que l'homme ait besoin d'une religion, ce qui m'étonne, c'est qu'il se
croie jamais assez fort, assez à l'abri du malheur pour oser en rejetter une: il devrait, ce
me semble, être porté, dans sa faiblesse, à les invoquer toutes; dans la nuit épaisse qui
nous entoure, est-il une lueur que nous puissions repoussr ? Au milieu du torrent qui nous
entraîne, est-il une branche à laquelle nous osions refuser de nous retenir ?
(p.107)
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La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus
ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le coeur qui l'aimait...
(p.113)
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Les circonstances sont bien peu de chose, le caractère est tout: c'est en vain qu'on brise avec
les objets et les êtres extérieurs, on ne saurait briser avec soi-même. On change de situation,
mais on transporte dans chacune le tourment dont on espérait se délivrer, et comme on ne se
corrige pas en se déplaçant, l'on se trouve seulement avoir ajouté des remords aux regrets
et des fautes aux souffrances.
(p.114)
(Edition Gallimard. Dans le livre de poche)
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