Boris Cyrulnik ( - )

Les nourritures affectives


  • Quand on n'aime pas observer, on cherche ses explications dans les mythes. (p.9)

  • On croit qu'il n'y a de savoir que par l'observation,alors qu'on n'observe que ce que l'on sait percevoir. (p.9)

  • L'observation la plus naïve exige un savoir ordonné dans une théorie. (p.13)

  • En fait, mon chien s'intéresse assez peu aux théories, mais il les accepte toutes, pourvu qu'on lui parle. (p.15)

  • Quand les parents provoquaient la rencontre de leurs enfants, ils renforçaient le groupe. Quand l'amour préside au choix du partenaire, il facilite la névrose. (p.36)

  • La plupart des mariés se choisissent pour des motifs psychosociaux,... (p.37)

  • La pensée métaphorique permet de donner,avec des images, l'impression de comprendre. (p.53)

  • Il faut donc appartenir. N'appartenir à personne, c'est ne devnir personne. (p.85)

  • Quand on ne sait pas d'où l'on vient, on ne peut pas savoir lù l'on va. (p.86)

  • Quand une femme cuisine, ce n'est pas pour se nourrir, c'est pour créer un scénario d'amour. Une femme seule se nourrit vite en avalant un yaout, un bol de café au lait, un fruit ou un biscuit. Quand elle cuisine pour quelqu'un, le repas devient une rencontre où l'on échange des affects et des paroles bien plus que des glucides, des lipides et des protides. Quand un homme cuisine, c'est pour jouer, pour tenter une acrobatie culinaire qui provoquera des rires ou des exclamations. Le même chose en soi prend des significations très différentes selon le sexe. la cuisine aussi est sexualisée. (p.100)

  • Dans note univers où tout est signifiant, l'usage de la montre est un bon indicateur du refus d'intégration. (p.100)

  • L'intensité émotive, dès qu'elle n'est plus gérée par le rituel, laisse exploser la violence. (p.117)

  • La violence est un point de vue, exprimé par des comportements qui ne tiennent pas compte de l'existence de l'autre. (p.120)

  • Chez l'homme, la représentation d'un monde peut exister en dehors de toute perception; alors que j'ai l'animal les deux procesus restnt associées.
    ...
    L'animal reste soumis au réel qui contrôle sa violence, alors que l'homme travaille à se soumettre à l'idée qu'il se fait du monde, ce qui l'invite à la violence créatrice: détruire un ordre pour en créer un nouveau,... (p.122)

  • L'homme est au contraire [de l'animal] transcendent par nature, puisqu'il vit dans un monde de représentations et ne se soumets par à la régulation du réel. (p.125)

  • Dés que sa ça vit, ça interprète. (p.131)

  • ..l'anomie, en déritualisant les groupes sociaux, les désagtège et laisse émérger toute les violences.

    ...les petits groupes ritualisés utilisent le débat pour faire changer les mentalités; et les structures sociales. (p.143)

  • Il faut apprendre à se décentrer de sa propre pensée en admettant qu'il n'y pas qu'une seule manière d'être humain. (p.150)

  • Il n'y a pas d'inceste chez les animaux en milieu naturel.
    ...
    ... chez l'homme, le facteur déterminant est l'énoncé d'une loi qui dit ce qu'est un inceste et l'interdit. (p.161)

  • Le contexte, en modifiant l'émotion attribue un sens différent à la même perception. (p.181)

  • ... Mais quand le sacré pointe, la violence n'est jamais loin:... (p.188)

  • Presque toujours, c'est la déritualisation d'un groupe social qui, en ne donnant pas forme aux comportements sexuels, laisse émerger la violence primitive. (p.195)

  • Il semble donc que les femmes se socialisent par leurs manières d'aimer tandis que les hommes se socialisent par leurs manières d'agir. (p.200)

  • La seule révolution physiologique d'une vie humaine c'est l'amour. (p.201)

  • Ce qui fait évènement, c'est ce que notre histoire affective aura retenu comme type d'information.
    (YF:voir «Un évènement n'a d'importance ...») (p.205)

  • Il faut un milieu sécurisant pour excuter le programme génétique et il faut un milieu stressant pour l'optimiser. (p.212)

  • Chaque être vivant vit dans un monde sensoriel et signifiant qui lui est propre. (p.212)

  • Les évènements passés vivent en exil dans notre mémoire. (p.220)

  • Le récit est un travail sur l'émotion. Après l'avoir raconté on éprouve autrement le drame passé inscrit dans la mémoire. (p.225)

  • Une société sans commémoration réduit le temps à une succession incohérente d'instants qui passent et ne vont nulle part. Elle détruit l'historicité qui donne le sens... (p.231)

  • La fonction sociale des vieux, c'est peut-être de fabriquer du récit. (p.231)

  • Car la vie intellectuelle ne consiste pas seulement à penser. Lire, c'est vivre, c'est bouger, c'est chercher quelqu'un à qui parler pour débattre, c'est se stimuler, se disputer, se renforcer; c'est rencontrer, voyager, vérifier, aimer, détester. (p.232)

  • Empêcher le récit d'un âgé, c'est intrdire la seule action qui lui reste, c'est l'empêcher de prendre sa place, c'est l'exclure, l'isoler affectivement et socialement, le rendre confus, désorienté dans un monde déporvu de sens et de sensorialité. (p.235)

  • C'est la simple stimulation qui maintient la bonne santé et non pas la performance intellectuelle. Ce qui revient à dire qu'un idiot interessé vieillira mieux qu'un intelligent désabusé. (p.237)

  • Il n'y a pas d'épilogue dans le discours de nos existences. La viellesse n'est pas le résumé du drame en trois actes de nos biographies. Je n'ai jamais entendu une personne agée raconter: «Mesdames et Messieurs, la représentation de ma vie est terminée; j'ai été enfant, puis jeune, puis adulte, donc je vais vous dire ce que je pense des évènements passées.». Parfois, dans leur testaments, après leur vie, les veillards nous font ce coup. Mais tant que cela ce passe, cela n'est pas passé. Tant qu'ils vivent, ils croient vivre au présent et leur sentiment de durée crée au contraire un goût d'éternité! [YF: je souligne] (p.239)

  • Mais dès que l'homme est devenu capable d'histoire, il s'est rendu coupable d'histoires. (p.248)


    (Editions Odile Jacob 2000. collection poches):



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dernière mise à jour : 09/11/2001