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Connaissant bien la vertu de leur arc, ils (les archers) visent beaucoup
plus haut que leur but quand celui-ci leur paraît trop lointain; non pour
réellement atteindre de leur flèche une si grande altitude, mais pour
frapper, grâce à cette haute visée, la cible qu'ils avaient choisie.
(Le Prince, chapitre VI)
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Il se trompe lourdement celui qui croit que des bienfaits récents font oublier
aux grands les injures anciennes.
(Le Prince, chapitre VII)
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Le mal doit se faire tout d'une fois: comme on a moins de temps pour y goûter,
il offensera moins; le bien doit se faire petit à petit.
(Le Prince, chapitre VIII)
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La nature de gens est telle qu'ils s'attachent aussi fortement à quelqu'un
pour les services qu'ils lui ont rendus que pour ceux qu'ils ont reçus de lui.
(Le Prince, chapitre X)
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Et les hommes hésitent moins à offenser quelqu'un qui veut se faire aimer qu'un
autre qui se fait craindre; car le lien de l'amour est filé de reconnaissance:
une fibre que les hommes n'hésitent pas à rompre, parce qu'ils sont méchants,
dès que leur intérêt est en jeu; mais le lien de la crainte est filé du châtiment,
qui le les quitte jamais.
(Le Prince, chapitre XVII)
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Quand il s'agit de juger les actions des hommes, et spécialement des princes qui
n'autorisent aucun tribunal d'appel, on ne considère pas les moyens, mais la fin.
(Le Prince, chapitre XVIII)
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(A propos des attentats contre les Princes:)
Tout individu qui en a la ferme intention et se soucie peu de sa propre mort est en
mesure de l'atteindre.
(Le Prince, chapitre XIX)
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Tu constateras toujours que celui qui n'est point ton ami te priera de rester neutre,
alors que ton ami voudra que tu engages tes armes à ses côtés.
(Le Prince, chapitre XXI)
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Et l'on peut juger de la cervelle d'un seigneur rien qu'à voir les gens dont il
s'entoure.
(Le Prince, chapitre XXII)
(Le Prince, traduit de l'italien par : Jean Anglade)
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